On se prend à rêver que l’on est vierge de tout, frais comme un enfant qui revient du dehors, attentif au moindre bruissement de la nature, mais la grossièreté nous accable en fin de compte. Il n’y a rien de neuf dans ce monde qui ne soit construit par sa propre imagination, rien qui ne soit renouvelé sans le mouvement de sa propre volonté. Les possibles n’adviennent que lorsque nous sommes dans les bonnes dispositions, pas avant, pas après, juste pendant.
Cherche ta main fouisseuse dans la terre encore froide les petites pierres qui feront les rochers de demain, modèle encore ces moments de grâce, un moment léger comme le battement d’aile d’un papillon qui survient dans une vague subreptice.
L’ombre persiste, sous les cieux clairs, sous des yeux brûlants, dans l’air glacial du matin encore endormi. Quelques pages froissées, une odeur de froid piquant et dénué de toute scorie, la café m’étrille l’estomac et je finis par me rendormir.
Plus qu’un être sans fond
plus qu’une pâleur affolante
l’esquisse d’un cadavre aveugle
et dans les traits d’un pinceau sans encre
demeure la vision des petites aubes nues
des matins sans ombre
des jours qui ne s’endorment plus
Il faudra revenir…