L’écriture composée

C’est une question qui me taraude depuis quelques temps. Depuis, en réalité, que j’ai passé avec succès l’épreuve un peu douloureuse du jury devant lequel j’ai présenté mes deux masters. Si auparavant je me posais la question de la pertinence de mes écrits, il aura fallu quelques temps pour que je finisse par croire en la réalité des attentes qui pesaient sur moi. Aujourd’hui, c’est la question de l’écriture de la thèse de doctorat qui se pose à moi. Si j’ai l’impression de ne pas avoir beaucoup vécu ces dernières années, au regard de l’effort fourni, je garde au fond de moi la terrible envie de déployer à présent ce qui m’a toujours animé et que j’ai cru voir possible au travers de quelques mots prononcés par mon directeur de recherches ; amener la pensée à penser le voyage comme une manière de se déconstruire dans le monde. La mondialisation de soi autour de représentations qui s’actualisent dans le flot des déconstructions successives et empilables devient pour moi la seule manière de se représenter le monde et les relations interpersonnelles directes. Il devient assez affligeant de voir à quel point la plongée dans un monde mouvant et de plus en plus complexe génère autour de rapports douloureux, violents, alors que tous les indicateurs sont aux verts pour que les choses se passent pour le mieux. On m’a déjà critiqué en me disant que mon angélisme était pathétique, mais il reste quoi à part ça ? Le désenchantement ? Le meilleur moyen de sombrer dans la haine de soi, et par voie de conséquence des autres.
J’ai pris ma décision. Si je n’entame pas ce travail doctoral, je ferai cavalier seul et j’écrirai quand-même ce que j’ai amorcé. Si à présent je ne peux plus écrire ce que j’écrivais il y a dix ans, je suis en capacité de faire autre chose. Signe, certainement, que j’ai vieilli, ou mûri.
Prochaine échéance, le 7 mars, date qui décidera ou non de ma poursuite d’études.

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