Le pli de la nuit

La nuit se tait avec complaisance, elle ronronne terriblement dans son intérieur et ne dit rien de son intimité.
Il est presque trois heures et j’ai dormi un peu sur le canapé, avachi devant la télé, ne sachant pas réellement ce qu’il s’est passé ses dernières heures ; mais tout me va, je ne suis pas difficile, je me satisfais de peu, de plus en plus. De mes ruptures et de mes petits foyers d’infection, je me suis fait une raison et je n’ose à présent plus explorer le monde qu’en me disant que le hasard et la richesse du monde sont largement suffisant pour me satisfaire.
Je n’ai bu qu’un verre de vin, un bon Chevalier de Lascombes, Margaux 2011, mais la fatigue aidant, je me suis endormi. Ce n’est pas bien grave, je ne suis redevable de rien à ce propos. Une fois couché, le sommeil n’a pas daigné s’emparer de moi. Je m’y suis fait. On se fait bien à tout, finalement. Il suffit de ne pas systématiquement entrer en résistance.
Alors je retourne sur le canapé, l’envie de dormir cachée, bien cachée, assis dessus, et j’entre dans Chemin faisant, connaître la Chine, relancer la philosophie, de François Jullien, et je me satisfais également parfaitement de ces mots de Michel Foucault :

Il y a les critiques auxquelles on répond, et celles auxquelles on réplique. A tort, peut-être. Pourquoi ne pas prêter une oreille uniformément attentive à l’incompréhension, à la banalité, à l’ignorance ou à la mauvaise foi ?

Michel Foucault, Dits et écrits I
Gallimard

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